Accueil Le plan national d’actions Les actions 3. Aménagement du territoire

3. Aménagement du territoire

Les structures paysagères jouent un rôle important dans le maintien de la biodiversité, en facilitant le déplacement et la survie des espèces animales. Des éléments naturels tels que les haies, forêts, prairies et cours d’eau contribuent à la connectivité des habitats, permettant aux espèces de se déplacer, de se nourrir et de se reproduire. Cependant, l’aménagement du territoire, souvent influencé par l’urbanisation et l’agriculture, peut modifier ces paysages et fragmenter les corridors biologiques.

© Antonio Lapa

L’urbanisation et les infrastructures modernes entraînent la fragmentation des paysages, ce qui réduit la continuité des habitats disponibles pour de nombreuses espèces, y compris les chauves-souris. Ces mammifères nocturnes, qui jouent un rôle dans la régulation des populations d’insectes, dépendent de corridors biologiques fonctionnels pour leurs déplacements et leurs besoins alimentaires. La modification ou la disparition de ces corridors peut nuire à leur survie en limitant l’accès aux ressources et aux habitats sécurisés.

© Jacek Dylage

La pollution lumineuse constitue un autre facteur de perturbation majeur pour ces espèces. Les chauves-souris sont particulièrement sensibles à l’éclairage artificiel, qui perturbe leurs comportements de chasse, de navigation et de reproduction. L’éclairage excessif dans les zones urbaines et périurbaines peut, par exemple, rendre les insectes moins disponibles pour les chauves-souris ou les éloigner des habitats propices à leur alimentation.

Face à ces défis, il est crucial d’intégrer les enjeux liés aux chauves-souris dès les premières étapes de la planification urbaine. Cela comprend la prise en compte de la fonctionnalité des habitats, des comportements spécifiques des différentes espèces dans les documents d’urbanisme tels que les PLU (Plans Locaux d’Urbanisme) ou les chartes paysagères. L’objectif est de concilier une gestion durable des espaces urbains tout en préservant la biodiversité locale.

Des recommandations ciblées à destination des professionnels de l’aménagement, tels que les urbanistes, paysagistes et autres acteurs du secteur, doivent être établies. Ces conseils devraient inclure des mesures de protection des habitats (comme l’installation de refuges pour chauves-souris), des restrictions sur l’éclairage nocturne et la conservation des haies et des bocages pour assurer des déplacements sûrs entre les zones de nourrissage et les sites de reproduction.

© Daniel McCullough
Les haies servent de couloirs de végétation aux chauves-souris ©Audrey Tapiero

En agissant en amont de la conception des projets urbains, il est possible de limiter les impacts négatifs sur les chauves-souris, mais également de favoriser leur préservation à long terme. Ces actions sont essentielles pour concilier développement urbain et respect de la biodiversité, en particulier pour les espèces sensibles telles que les chauves-souris.

Aménagement du territoire – Documents utiles


Le platane, arbre à noctule – SFEPM – 2024

Le document met en évidence l’importance des platanes centenaires en tant que refuges essentiels pour la Noctule commune. Ces arbres jouent un rôle clé dans son cycle de vie, notamment pour l’hibernation, l’élevage des jeunes et les accouplements. La destruction croissante des platanes, due à des projets d’aménagement urbain, constitue une menace majeure pour cette espèce déjà fragilisée. La SFEPM recommande une stricte réglementation des abattages et élagages, nécessitant une validation par un expert chiroptérologue, afin de préserver ces habitats et d’assurer la conservation de l’espèce.

REX sur la prise en compte de la faune protégée lors d’abattage de platanes chancrés le long du canal du midi – VNF – 2023

Le document est un retour d’expérience sur la prise en compte de la faune protégée lors de l’abattage de platanes chancrés le long du Canal du Midi. Il détaille les mesures mises en place pour minimiser l’impact sur la biodiversité, notamment sur les Chiroptères, dans le cadre des obligations réglementaires liées au chancre coloré. Il couvre l’identification des arbres à cavités, l’adaptation du calendrier des travaux, la mise en place de protocoles spécifiques d’abattage et de suivi écologique, ainsi que les méthodes de réduction et compensation des impacts. L’objectif est de partager ces enseignements pour d’autres gestionnaires confrontés à des problématiques similaires.

Effets sur la santé humaine et sur l’environnement des LED – Avis de l’ANSES – 2019

Le document présente une analyse exhaustive des effets des LED sur la santé humaine, la faune, la flore et l’environnement. ​ Depuis 2010, la technologie des LED a évolué avec des lumières plus chaudes et moins éblouissantes, mais les risques phototoxiques et de perturbation des rythmes circadiens persistent, surtout avec les LED riches en lumière bleue. ​ Les effets sur le sommeil, la rétine, et la modulation temporelle de la lumière sont étudiés, révélant des risques pour certaines populations sensibles. ​ Les LED peuvent également augmenter la pollution lumineuse et avoir des impacts négatifs sur les écosystèmes. ​ Des mesures de protection et une réglementation plus stricte sont nécessaires pour atténuer ces risques.

Passage sur les chiroptères : 7.6.5.4, page 332.

Trame verte et bleue et espèces volantes – Note d’enjeux et de problématique – UMS patrimoine naturel – 2019

Le rapport examine les défis posés par les obstacles aériens (éoliennes, lignes électriques, bâtiments, aéronefs) pour les espèces volantes comme les oiseaux et les chauves-souris. Il identifie les impacts négatifs tels que les collisions, les électrocutions et les barotraumatismes, et propose des mesures de gestion pour atténuer ces effets. Le rapport évalue également l’intégration de ces enjeux dans les trames verte et bleue aux niveaux national et régional, et suggère la création d’une trame aérienne dédiée pour mieux protéger les corridors de déplacement des espèces volantes. ​

La lumière nuit ! La nature face à la pollution lumineuse dans le canton du Valais – 2019

La pollution lumineuse est la présence anormale et gênante de lumière artificielle la nuit, affectant la faune, la flore, les écosystèmes et la santé humaine. ​ Elle se manifeste par un halo lumineux au-dessus des villes, causé par la réflexion de la lumière sur les nuages et les particules en suspension. ​ En Suisse, les émissions lumineuses ont augmenté de 70 % entre 1994 et 2009, réduisant la surface d’obscurité nocturne de 28 % à 18 % du territoire. ​ Les types de lampes varient en consommation et en impact écologique, avec les LED étant les plus économes en énergie mais aussi les plus attractives pour les insectes. ​ Les solutions incluent la réduction de l’intensité lumineuse, l’utilisation de minuteries et de détecteurs de mouvement, et le choix de lampes émettant moins de lumière bleue.

Guide pour des paysages propices aux CS – Chambres d’agriculture France – 2017

Schéma illustré des structures paysagères indispensables aux chauves-souris et tableau récapitulatif des milieux propices en fonction des espèces.

Poster : premières évaluations des trames forestières du Grand Site Sainte-Victoire – GCP – 2016

L’étude menée par le Groupe Chiroptères de Provence en 2015 sur le Grand Site Sainte-Victoire visait à inventorier et qualifier les habitats forestiers favorables aux chauves-souris, modéliser les résultats à l’échelle de la zone Natura 2000, et identifier les zones à enjeux et les corridors écologiques. Les méthodes incluaient l’inventaire des arbres-gîtes, la prospection des habitats, et l’évaluation acoustique des habitats de chasse. ​ Les résultats ont permis de cartographier les zones à enjeux et de proposer des actions pour la restauration et la création de corridors, ainsi que pour une gestion sylvicole adaptée. ​ Cette approche a montré son efficacité pour une gestion fine et globale des trames forestières, bien que nécessitant des données SIG précises et récentes. ​

Les cahiers de BIODIV’2050 : Comprendre – Éclairage du 21e siècle et biodiversité – 2015

La rénovation de l’éclairage extérieur dépasse les enjeux énergétiques pour inclure des préoccupations écologiques et sociétales. Les points lumineux, par leur intensité, spectre et durée, fragmentent les milieux, perturbent les espèces et le fonctionnement des écosystèmes, amplifiant les nuisances lumineuses à travers la diffusion atmosphérique. Si les politiques publiques se concentrent sur l’efficacité énergétique, la sobriété lumineuse, indispensable pour réduire les consommations, la pollution et l’impact écologique, reste peu explorée. Les coupures nocturnes, peu coûteuses, permettent jusqu’à 75 % d’économies d’énergie. Cependant, l’innovation favorisant des LEDs et lampes au spectre large pose des risques importants pour la biodiversité et la santé humaine. Face à ces défis, des études écologiques et des diagnostics territoriaux sont essentiels pour une gestion durable de la lumière artificielle, en conciliant sobriété énergétique, protection de la biodiversité et continuités écologiques dans une trame nocturne cohérente.

Guide technique : Élément de gestion conservatoire des territoires – LIFE+ChiroMed – 2014

Le Guide Technique n°5 du Programme LIFE+ Chiro Med se concentre sur la conservation et la gestion intégrée de deux espèces de chauves-souris, le Grand Rhinolophe et le Murin à oreilles échancrées, en région méditerranéenne française. Il souligne l’importance d’un réseau de gîtes variés pour le maintien des populations de Chiroptères, tout en abordant les menaces telles que la perte d’habitat et la mortalité routière. Le programme propose une approche globale de gestion territoriale, intégrant des études écologiques, des mesures de protection des gîtes, et des actions pour restaurer les corridors de déplacement afin d’assurer la pérennité des espèces.

Artificial light in the environment – The royal commission on environmental pollution – 2009

Le document examine les effets de la lumière artificielle sur l’environnement, en abordant les préoccupations croissantes liées à la pollution lumineuse et ses impacts sur les organismes et les écosystèmes. Il présente les avantages et inconvénients de l’éclairage extérieur, notamment l’éclairage routier, qui doit être conçu pour être énergétiquement efficace tout en minimisant la lumière errante. Le rapport conclut par des recommandations pour améliorer la gestion de l’éclairage public et souligne la nécessité de recherches supplémentaires pour mieux comprendre les effets biologiques de la lumière artificielle. Le document mentionne les chauves-souris dans le contexte des effets de la lumière artificielle sur la faune. Il souligne que l’éclairage peut perturber les comportements de chasse et de reproduction des chauves-souris, entraînant des impacts négatifs sur leurs populations. Des recommandations sont faites pour réduire l’éclairage dans les habitats critiques afin de protéger ces espèces.

Street lighting disturbs commuting bats – 2009

L’impact de l’éclairage public sur les chauves-souris, en particulier l’espèce menacée Rhinolophus hipposideros, soulève des préoccupations écologiques majeures. Des études expérimentales ont démontré que la présence de lumière artificielle entraîne une réduction significative de l’activité de ces animaux, ainsi qu’un retard dans le début de leur comportement de transit. Cette pollution lumineuse pourrait fragmenter leurs itinéraires de déplacement, augmentant ainsi les risques de prédation et menaçant leur survie et leur reproduction, ce qui souligne l’importance d’une gestion éclairée de l’éclairage public pour la conservation de ces espèces.

Bats and lighting in the UK – Bat conservation trust – 2009 & 2008

Ce document s’adresse aux ingénieurs en éclairage, concepteurs lumière, responsables de l’urbanisme, promoteurs, spécialistes des chauves-souris et toute personne impliquée dans la spécification de l’éclairage. Il vise à sensibiliser aux impacts de l’éclairage sur les chauves-souris et propose des mesures d’atténuation adaptées à divers scénarios. Il offre également des explications sur les aspects techniques de l’industrie de l’éclairage au bénéfice des spécialistes des chauves-souris.

Ailleurs sur le web


Le projet « PV-Chiros », lancé en 2022, vise à comprendre l’impact des centrales solaires photovoltaïques (CSP) sur les chauves-souris et à proposer des recommandations pour limiter ces effets. Porté par la CNR, la LPO AuRA, l’OFB et le MNHN, ce guide technique synthétise les connaissances actuelles et propose des mesures pour concilier transition énergétique et biodiversité.

Des études préalables adaptées permettent de définir correctement les enjeux et de dresser une cartographie détaillée des couloirs de déplacements et des zones de chasse favorables propres aux zones humides.

Définition des enjeux, description des impacts potentiels de l’aménagement projeté ainsi que la mise en place de mesures selon la logique Éviter > Réduire > Compenser sont à réaliser avec l’appui d’un chiroptérologue.

Ce livret – à destination des collectivités – a été réalisé dans le cadre du groupe de travail « Trame noire ». Son objectif est de rappeler aux élus leurs responsabilités et leurs devoirs de police en matière d’éclairage public, et de les informer sur l’arrêté du 27 décembre 2018, relatif à la prévention, la limitation et la réduction des nuisances lumineuses.

Les ripisylves, contraintes depuis de nombreuses années, sont menacées par le grignotage et les coupes à blanc. Le risque de voir cette situation s’aggraver inquiète car les besoins d’aménagement du territoire et de développement économique restent actifs et les ripisylves méconnues.

La pollution lumineuse menace les chauves-souris en Île-de-France, où 20 espèces protégées sont touchées. Pour réduire cet impact, il est conseillé d’éteindre certains lampadaires, de limiter l’éclairage non essentiel et d’adapter les installations en orientant la lumière vers le bas. Une bonne communication avec les habitants est essentielle pour assurer l’acceptation de ces mesures.

L’étude RipiMed met en évidence le rôle crucial des ripisylves, surtout sénescentes, pour les chauves-souris grâce à leur forte valeur écologique et leur connectivité essentielle. Ces habitats, clés face au réchauffement climatique, nécessitent des actions prioritaires de préservation et de restauration pour garantir leur intégrité et soutenir la biodiversité.

La série de fiches « AUBE » incite à concevoir l’éclairage différemment, par l’intégration conjointe des enjeux de biodiversité, d’usage et d’économie d’énergie. Elle décrypte aussi l’arrêté ministériel du 27 décembre 2018 portant sur les nuisances lumineuses afin de vous aider dans sa mise en oeuvre.

Charte pour la prise en compte des chiroptères & des oiseaux nicheurs dans la gestion et l’entretien du patrimoine arboré et l’aménagement du territoire de l’Eurométropole et de la ville de Strasbourg